Exposition Jacques Le Chevallier … à la Piscine de Roubaix
Une superbe rétrospective qui constitue un excellent prétexte pour voir ou revoir la Piscine de Roubaix, musée d’art et d’industrie qui vaut autant le détour par sa programmation que par le bâtiment lui-même. A une heure en TGV de Paris, via Lille, un excellent but de promenade pour la journée.
Découvrez les luminaires de LE CHEVALLIER dans le PORTFOLIO
Il est toujours intéressant lorsque l’on s’intéresse à l’histoire du design et aux créations actuelles dont la semaine du design de Milan offre un panorama exhaustif, de revenir aux sources et aux précurseurs, parfois méconnus, comme c’est le cas pour Jacques Le Chevallier.
Cette exposition marque le vingtième anniversaire de la mort de Jacques Le Chevallier, né à Paris en 1896 et mort à l’âge de 91 ans. Fondateur historique au côté de Mallet Stevens de l’U.A.M. (Union des Artistes Modernes) en 1929, cet ingénieux créateur travaillera comme collaborateur du verrier Louis Barillet et en tandem avec René Koechlin sur l’ensemble de ses luminaires modernistes.
En décembre 1930, on peut lire dans la revue «L’art vivant», «…l’homme de goût pose sur sa table une lampe de Perzel ou le Chevalier. A défaut, il s’éclaire avec une lampe d’architecte aux bras articulés.».
Une petite phrase qui ressitue ce créateur parmi les grands de son temps, collaborant au projet de la villa Cavrois à Croix dans le nord, Robert Mallet Stevens lui confiant la réalisation des luminaires pour le hall d’entrée.
A la fois artiste et ingénieur, Le Chevallier crée notamment un ensemble de lampes-sculptures, dans un langage formel qui s’inscrit dans le grand mouvement des arts décoratifs des années 30. Il s’intéresse au rapport qu’entretient la lumière avec l’architecture, dans sa fonction décorative en ce qu’elle transforme l’ambiance et modèle les intérieurs. Mais sa réflexion va bien au-delà, dans la recherche d’une ergonomie en prenant en compte le confort visuel, façonnant la lumière telle une matière première architecturale. Il s’inscrit également dans le renouveau architectural de l’époque, qui introduit de nouveaux matériaux comme l’aluminium, le béton devenant dans le même temps l’élément de base de la construction.
Le chevallier va revisiter à sa manière la lumière, la lampe étant d’abord conçue comme un objet utilitaire lié à une activité : lire, écrire, jouer du piano, faire sa toilette. A cette fonction bien définie, chaque lampe ayant une pièce de destination, s’ajoute une discipline et une ascèse, chaque modèle étant conçu dans une économie de moyen, privilégiant la rationalisation de la source lumineuse à l’opposé de certains ensembliers de l’époque pour qui la débauche de sources lumineuses et une fin en soi. Avec Le Chevalier et Koechlin on est dans une approche ingénieuse et intuitive comme le montre l’ensemble remarquable de croquis présentés dans cette exposition.
Certains modèles combinent une esthétique particulière, faisant d’abord œuvre de sculpture comme la lampe chistera ou le modèle sphère, qui deviennent des créations à part entière au-delà de leur propre fonction.
La plupart des modèles sont conçus en utilisant la tôle d’aluminium, le bois et l’ébonite. Le métal plié, courbé, façonné permet littéralement de dompter la lumière voire de la sculpter avec des découpes en forme de peigne ou des volets amovibles qui permettent de canaliser le flux lumineux. Ces lampes, véritable mécaniques de précision multiplient les astuces au niveau des réflecteurs, bras et boutons qui constituent tout à la fois des éléments d’un squelette architecturé et des finitions d’une sobre élégance.
Cette exposition présente également le travail d’éclairagiste et de maître verrier de Le Chevallier, collaborant avec Louis Barillet dès 1920 sur de prestigieux chantiers civils ou à la conception de lumières mystiques comme pour Notre Dame de Paris, voire au côté d’architectes, réalisant pour Mallet Stevens notamment un superbe paravent présenté dans l’exposition. La conception de vitraux constitue une autre facette du travail de ce créateur au talent protéiforme, qui fut également illustrateur, iconographe chrétien, décorateur et créateur de papiers peints ou encore affichiste ou peintre.
L’exposition est prolongée jusqu’au 3 juin 2007.
Olivier Castaing, consultant artistique, Paris le 15 mai 2007
INFORMATIONS PRATIQUES
L’exposition « Jacques Le Chevallier (1896-1987), la lumière moderne », à La Piscine, musée d’art et d’industrie André-Diligent (23, rue de l’Espérance, 59100 Roubaix -03 20 69 23 60 - www.roubaix-lapiscine.com
Horaires d'ouverture : du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h
Un excellent ouvrage, richement documenté de croquis, photos des luminaires et multiples zoom sur les détails ainsi qu’une exhaustive iconographie pour les créations de vitraux a été réalisé pour l'occasion.
Un article est consacré à Le Chevallier dans le numéro du mois de mai de Connaissance des Arts
Analyse de style : Les sculptures lumineuses de Le Chevallier
Membre fondateur de l’Union des artistes modernes, Jacques Le Chevallier marqua la fin des années 1920 par ses lampes novatrices, véritables sculptures de lumière. Une exposition à La Piscine de Roubaix rend hommage à ce créateur qui puisa dans le répertoire de formes de l’industrie.
L’exposition sera ensuite présentée
du 26 juin au 30 septembre
au Musée départemental de l’Oise : 1, rue du Musée, 60000 Beauvais -Tél.03 44 11 43 83
du 18 octobre 2007 au 9 février 2008.
au 15 Square de Vergennes - 75015 Paris -Tél.01 56 23 00 22