Ce qui m’a frappé tout d’abord dans
l’édito de Beaux-Arts, c’est la nouvelle photo du Commandant Bousteau,
propre comme un sou neuf, arborant fièrement son nouveau chapeau et les yeux
très très bleus, limite retouchés par promovacances.com.
L’édito s’appelle « Images de Couvertures », titre qui
résonne comme une chanson de Vincent Delerm. Et il est bien entendu question de
couverture.
Ce mois-ci Beaux-Arts affiche un tableau de Roy Lichtenstein M-Maybe
de 1965 parce que ça y est ! Mes amis, c’est l’été, c’est les soldes, il
est temps de partir en vacances.
En fait, notre cher ami justifie ce choix de couverture au cours de ses 25
lignes mensuelles, expliquant to de go qu’ « En juillet et en
août, les magazines se couvrent de légèreté ». Très bien, bravo, voilà
de l’info.
Le magazine version allégée, selon Fabrice Bousteau, est aussi un magazine
« allégé en pub et donc en pages », il précise toutefois entre
parenthèses « (exception faite de Beaux-Arts magazine !) » Non
mais je rêve, c’est qu’il s’y croit vraiment le petit pionnier !!! D’abord
cher Fabrice, on ne doute pas que vous ne renoncerez jamais à vos
fonctionnement « articles contre pages de pub », ensuite, je ne vois
pas l’intérêt de votre argumentation qui équivaut à « Achetez Beaux-Arts
plutôt qu’une revue X ou Y, parce que nous on continue la pub pendant les
vacances ». C’est de l’anti-argumentation.
Des pubs, mauvaises en plus, on s’en tape toute l’année, partout, tout le
temps, alors si on peut s’en passer pendant les vacances, ce n’est point de
refus, cher commandant de bord. Les vacances de rêves, c’est partir au fond du
Causse Noir, huit jours, avec un bouquin de Céline ou Philippe Muray, sans
internet, sans portable, sans autre spectacle et féérie que ceux de la nature. La
nature, Mère
Nature qui inspire tant d’artistes depuis la nuit des temps, voilà les
vacances. Certainement pas une plage qui pue l’huile solaire arôme noix de
coco, barbe à papa et beignets glacés, sans oublier les gosses des autres aussi
braillards que moches, qui éclaboussent tout sur leur passage et un beaux arts
dans le panier en osier…Et puis quoi encore ? Un maillot de bain princesse
tam-tam ? Faire le marché bio en espadrille ?
Pour en revenir à notre cher commandant de bord, il explique encore que la couverture Roy
Lichtenstein
de ce mois-ci a été pensée pour
« allécher » le lecteur et il surenchérie en déclarant que cette
esthétique est « bien plus facile que la tour Eiffel
avec le
Fuji Yama en arrière plan imaginée par Alain Bublex en mai ou que le
portrait de Sophie Calle cachée par son miroir réalisée par Karl Lagerfeld en
numéro de juin »…Personnellement Roy Lichtenstein, Sophie Calle par
Lagerfeld, Paris revisité par Bublex, en termes de simplicité et de falicité,
j’ai envie de dire « même combat ». Alors je ne vois pas où est la
différence dans la série « couvertures en pot de confiture bonne
maman » qui nous tendent les bras toute sucrées en mélodiant « dévore
moi » alors que ça n’a aucun goût tellement c’est sucré justement et cache
précisément celui du fruit. Si celui-ci n’était pas inscrit sur le pot, on
pourrait passer des heures à tenter de deviner. C’est souvent la même chose
pour les artistes sponsorisés par Beaux-Arts.
Pour finir, Notre cher F. B. met en parallèle ses fameuses couvertures
light avec les dernières images de nos grands hommes, c’est-à-dire Jacques
Chirac et Nicolas Sarkozy, ce dernier apparaissant « bourré » au
sommet du G8, après un entretient avec Poutine. Qu’est-ce-qu’il tente de nous
prouver mon grand ahuri préféré ? Que c’est la honte d’être bourré quand
on est Président de la République ? Qu’on doit faire preuve
d’exemplarité ?
Petit 1. J’ai trouvé Sarko assez sympa bourré et j’espère qu’il s’est bien
marré.
Petit 2. En terme d’exemplarité, quand on est directeur de Beaux-Arts
magazine, et qu’on s’amuse à faire chaque mois un joli petit rot bien démago,
sur le sort de l’art et des artistes, en tentant de se faire passer pour un
intello, on ne part pas en vacances. Hé bien non Fabrice, on ne part pas. On
bosse et on rattrape le temps perdu, celui passé avec Sophie et Karl à
fabriquer le monde de l’art, pendant que des centaines d’artistes rament comme
ce n’est pas possible dans ce foutu pays, à cause de leur foutu connerie.
Carla Van
der Rohe, Paris le 4 juillet 2007