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6 juillet 2007

Si on passait le week-end à Nantes

afffiche_Jean_BOUCHAUDParce qu’il y a au commandement du Musée Faouët un magnifique exposition consacrée à Jean Bouchaud De l’Afrique à L’Asie. Voilà encore un illustre méconnu … qu’il est agréable pour certains de découvrir, pour d’autres de le voir enfin célébré.

Jean Bouchaud, né en 1891, est décédé en 1977. Sa carrière fut particulièrement remarquable. Membre de l’institut, peintre officiel de la marine, il fut aussi ce que l’on appelle un « peintre voyageur », rapportant de ses nombreux voyages de magnifiques paysages, notamment ceux de l’entre-deux-guerres parce que c’est probablement à cet époque que se définit et se renforce les convictions artistiques du peintre.

Entre 1921 et 1923, Jean Bouchaud fut pensionnaire à  la Villa Abd-El -Tif en Algérie où se sont rendus de nombreux artistes français jusqu’à l’indépendance. Les gouaches et aquarelles réalisées par l’artiste au cours de ces deux années semblent déterminantes pour la définition d’une écriture propre où se révèle un sens exceptionnel de la couleur. Bouchaud réserve dans chaque esquisse autant d’importance au dessin qu’à la couleur et, bien entendu, à la lumière qui ondule et circule en tournoyant avec l’aération qu’il réserve toujours à l’espace poétique du paysage. Il y a probablement chez cet artiste la quête de transcrire la sensation du paysage, le sentiment éprouvé de visu. Aussi, l’expression de « peintre voyageur » lui convient merveilleusement car elle trahit la capacité de l’artiste à s’émerveiller devant le spectacle de la nature, un regard parfaitement contemplatif, le plaisir de la découverte.

jean_bouchaud_villa_Adb_el_Tif_Algerjean_bouchaud_ghardaia_1921Les gouaches d’Alger sont particulièrement belles. On pense à Maurice Denis pour ce sens de l’aplat cerné, mais la personnalité singulière de l’artiste fait très vite disparaître toute référence extérieure. Les paysages d’Indochine sont tout aussi agréables. Exécuté au cours d’un voyage en 1924/25 pour lequel l’artiste a reçu une bourse. Après Alger, donc, l’Indochine et l’artiste peint, croque, saisi quelques instants de vie quotidienne de ces contrées lointaines. Un sens tout aussi exceptionnel du volume et de synthèse volumétrique ne tarde pas à se confirmer, ce même sens du volume chromatique que l’on pourra admirer, un peu plus tard, dans les études de jeunesse de Nicolas de Staël entre 1935 et 1938 et entre l’Espagne, le Maroc, l’Italie. Sous les aréquiers, Haïphong de 1924 reste un véritable coup de cœur, notamment pour la manière de reproduire la masse d’un paquebot éloigné, en quelques touches de couleur juxtaposées. Ce sens de la couleur, du volume et du dessin le pousse inexorablement vers l’art de l’illustration qui, dans l’entre-deux-guerres, a connu un essor particulier et vit se multiplier les participations d’artistes confirmés. Le nombre d’Affiches réalisées par cet artiste est particulièrement élevé, sans oublier les décors pour le grand hall de la Cité des Informations pour l’Exposition Coloniale Internationale de 1931, décors pour lesquels l’artiste sera félicité.

On ne peut que se réjouir d’initiatives comme celle qui nous permet de redécouvrir un de nos grands peintres, parfaitement oublié, jusqu’à cette exposition qui lui rend hommage.

jean_bouchaud_les_chameaux_Touggourt_1921La peinture parfois ne peut se décrire parce qu’elle ouvre la porte du ressenti. Il faut voir les œuvres de Jean Bouchaud, redécouvrir un pan que l’on veut aujourd’hui obscur de notre histoire. Mais ne soyons pas anachroniques. L’artiste a été un homme de son temps. Pourquoi les peintres voyageurs comme Iacovleff, Roerich sont parfaitement réputés, connus et reconnus ? Peut-être parce qu’ils n’ont pas été en Algérie et n’ont pas été des français qui l’ont profondément aimé.C’est tout le problème du regard que l’on porte aujourd’hui sur la colonisation et qui auréole celui que l’on porte désormais sur un pan de l’histoire de l’art français au xxe siècle.Croyez moi, le regard de ce peintre n’est pas celui d’un pervers qui exulte face au « démon coloniale », c’est celui d’un peintre épris de liberté et soucieux de poétiser son rapport au monde, de célébrer les civilisations découvertes omniprésentes dans ses compositions. Car ce fut aussi un admirable peintre de figures humaines.

 Carla Van der Rohe, Paris le 6 juillet 2007

 

Jean BOUCHAUD - Peintre voyageur

Musée du Faouëtjusqu'au 2 octobre 2005

Musée du Faouët - 1 rue de Quimper - Le Faouët - Tél. : 02 97 23 15 27

Jusqu au 2 octobre 2005, du mardi au vendredi de 12h30 à 18h30

Exposition Jean Bouchaud, Commandement de la Marine à Nantes, 2 Place du Général Mellinet Nantes.

 

 

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