Spècial Moscou ... dècouvrez la librairie et maison d'édition russe de Paris
C’est une librairie et maison d’édition russe. La seule vraie librairie russe de Paris. Je la fréquente depuis des années et j’y trouve toujours mon bonheur. C’est un lieu historique, l’écrin de la culture russe contemporaine, surtout de l’émigration russe et de la théologie russe.
La façade verte se dessine, de profil, au fur et à mesure que nous gravissons la rue de la Montagne Saint-Geneviève. Elle siège au pied du Panthéon et possède un fond exceptionnel de livres russes.
C’est Alec qui reçoit les visiteurs, notamment le vendredi et le samedi. Alec est mon ange gardien de la Montagne Sainte-Geneviève comme je le décris souvent. Sous sa discrétion naturelle, se dissimule une parfaite connaissance de l’art russe de l’émigration qui m’a souvent aidé et éclairé dans mes recherches. Cette librairie, son histoire, sa maison d’édition font de chaque livre présenté un véritable trésor. On y trouve la presse russe, les livres parus récemment en Russie, des publications plus anciennes, éditées par YMCA PRESS, notamment les Chroniques de l’Emigration russe, magnifique encyclopédie en 8 volumes des sujets abordés dans la presse russe de l’émigration en France au xxe siècle, enfin un ensemble de livres consacrés à l’orthodoxie et la plupart des écris des théologiens russes du xxe siècle. On y trouve des objets russes, des calendriers, et surtout, aux murs, sont accrochées des œuvres d’art russe. On peut y admirer les aquarelles de Galina Makhroff, les œuvres de Ioulia Reitlinger, peintre iconographe russe émigrée.
Voilà le sanctuaire de l’émigration, le diamant de la culture russe contemporaine, de la seconde Russie qui peu à peu rencontre la première. Les Editeurs réunis cristallisent la présence russe de Paris depuis la révolution. C’est le symbole de la culture russe en exil. Comment les intellectuels émigrés, théologiens, écrivains, peintres, sculpteurs ont pérennisé la culture russe hors frontière ? La réponse est en partie dans les ouvrages que propose ce merveilleux endroit. On se rend compte en s’imprégnant de la Russie d’aujourd’hui et en connaissant la Russie d’hier que le trait d’union entre les deux n’est pas seulement dans la récupération patrimoniale qui s’effectue aujourd’hui mais bien dans les livres et traces laissées par les centaines d’émigrés qui, ensemble, ont œuvré pour la sauvegarde de la culture russe, profondément annihilée par les 80 années de soviétisation.
Nikita Struve, professeur, philosophe, Président du Groupe de recherches sur l'Émigration russe, est le directeur d'YMCA Press. Cette maison d’édition a été fondée à Berlin en 1920 puis transférée à Paris en 1925. Il décrit d’ailleurs ce lieu : « Au fil des années "Les Éditeurs réunis" est devenu une maison d'édition de livres russes d'orientation chrétienne orthodoxe bien que créée par des missionnaires américains protestants. »
C’est ici qu’a été publié l’Archipel du goulag d’Alexandre Soljenitsine en 1973/74 pour la première fois. La publication avait enflammé les conscience mais cette publication ne fut pas étrangère aux mea culpa d’intellectuels français communistes, trotskistes etc…Pierre Daix avait publié le sien deux ans plus tard, en 1975. Pierre Daix avait fait l’objet d’une plainte suivie d’un procès en 1949/1950 tout d’abord avec Kravtchenko puis David Rousset qui dénonçaient les Goulags et la réalité sociale soviétique. Pierre Daix avait alors insisté sur le « Paradis Soviétique » à la barre, et avait accusé de mensonges les deux premiers. Il n’y avait pas selon lui de goulags en URSS et je le cite : « les prisonnier y sont libres »…
Les Editeurs Réunis n’ont jamais fait œuvre de propagande, uniquement de diffusion. Ils diffusent inlassablement la culture russe. Cette culture est, j’insiste, un joyaux, une découverte à ne pas manquer. Allez donc aux Editeurs Réunis, lisez un peu de Russie vous découvrirez un pays à l’histoire passionnante, et surtout, je l’espère, réaliserez l’admirable effort de l’émigration russe pour la sauvegarde des valeurs et de la culture héritées de l’ancienne Russie, soit disant morte en 1917. Elle a survécu, dignement campée aux portes de la mémoire, elle a réussi, a sauvé une part de ce patrimoine en mêlant son histoire à la nôtre. Ces émigrés russes méritent tous les honneurs et la manifestation de notre respect.
Carla van Der Rohe
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