EL ANATSUI à la Biennale de Venise - Magnifique doublet à l'ARSENAL et sur le Palazzo FORTUNY ... à ne pas manquer !
Déjà sélectionné pour représenter l'Afrique en 1990 à la Biennale de Venise, El Anatsui a déjà à son actif une liste impressionnante d’expositions, aux quatres coins du globe, du Brésil aux Etats-Unis, en passant par le Japon.
En France, il figurait dans la sélection officielle de l’exposition «Champ de sculptures» en 1999 et plus récemment on a pu voir son travail à Beaubourg lors de l’exposition «Africa Remix». Il est d’ailleurs présent dans les collections du Centre Pompidou.
Tel un rideau de scène, l’œuvre d’El Anatsui pare la somptueuse facade du Palazzo Fortuny au cœur de la cité des Doges. Impossible de manquer cette œuvre magistrale qui scintille dans cette lumineuse et chaude journée de fin d’été, comme une invitation à pénétrer en coulisse dans la pénombre d’une exposition exceptionnelle « ARTEMPO – Where times become art» dont nous reparlerons dans quelques jours.
El Anatsui est également présent dans la nef de l’ancienne corderie de l’Arsenal, ou deux œuvres tout aussi monumentales interpellent le regard. Tel un mirage de métal, ces tapisseries composées d’un assemblage minutieux de bouchon de bouteille en métal, écrasés, comme autant de vestiges de ces boissons gazeuses et acidulées, scories d’une soif étanchée sous la chaleur écrasante du continent africain, qui constitue pour l’artiste la source d’inspiration première et vitale et la matière première de son oeuvre protéiforme.
Sculpteur de formation, cet artiste sexagénaire, qui enseigne au Ghana son pays d’origine, est surtout connu pour ses œuvres taillées dans le bois, ses formes d’argile, ses assemblage de matériaux recyclés, comme autant de matières magnifiées par les motifs et repeints, prolifération d’œuvres qui glorifient la culture africaine, celle des ancêtres et de la tradition, celle du quotidien qui sait transposer et composer avec un rien.
El Anatsui compose son propre langage formel, pour génèrer une esthétique à la fois minimaliste et féérique, marqué du sceau de la tradition artistique et confinant au spirituel dans ce qu’il transcende l’humain.
Son enthousiasme et son énergie vitale, sont nourris des échanges avec les jeunes générations d’étudiants auxquels il enseigne depuis 1975 à l’Université du Niger dans la ville de Nsukka. Cette force vitale transparait dans le geste qui transcende la matière et devient œuvre d’art, prolongement de la pensée, incarnation de l’esprit.
Une oeuvre qui s’inscrit résolument dans la modernité, alliant tradition du savoir faire dans la lignée des plus grands brodeurs et tapissiers de l’histoire depuis le moyen âge, tradition du recyclage et du détournement si caractéristique de tout le continent indo-africain, aux confins de la tradition, apparenté à l'origami dans la dextérité du geste qui plie et assemble et la modernité du dessin, qui mixte traits et courbes dans le plus pur style matiériste des compositions minimalistes.
Une œuvre hors norme qui vous marque d’un sceau indélébile, symbole de l’universalité des valeurs esthétiques.
Olivier Castaing, Art consultant, en direct de Venise le 27 août 2007
Découvrir le site de l'artiste